Séminaire transversal de DEM’ARTS-Séance inaugurale
Sandra Laugier, Yann Toma
« Post-Création, Vers une universalisation de la création »
Yann Toma, PR/ Artiste (ACTE)
Le concept de Post-Création, dans la mesure où s’y joue une forme d’extériorité à une Création originelle, engage des expériences esthétiques fortes qui restent ouvertes et accessibles à un plus large public. L’acte artistique, en charge d’un potentiel heuristique et critique, se déploie vers une forme autre extraite de la zone d’influence du monde de l’art en tant que tel. L’idée de Post-Création tend vers l’universel que serait le fait de concevoir la création au-delà de tout académisme non institutionnalisé. Nous verrons comment s’articule et se joue une possible émulation entre l’esthétique ordinaire et l’expérience partagée de la Post-Création, là où l’expérience de la création produit des connaissances et transforme ce qui est hors du champ spécifique de perception de l’art en autant d’espaces agissants et réflexifs nouveaux. En cela, l’influence de la création artistique sur des pans entiers de la société, domaines de perception jusque-là inaccessibles, devient un enjeu d’ouverture qui résulte de la transformation d’une forme d’esthétique ordinaire en une Post-Création libérée des canaux esthétiques de l’art contemporain. La notion de Post-cinéma sera interrogée.
« Culture et démocratie, du pragmatisme au numérique »
Sandra Laugier, PR/Philosophe (ISJPS)
La démocratisation de l’art à l’heure du numérique, la constitution et la circulation d’un nouvel ensemble de valeurs prolongent la demande, formulée par Ralph Waldo Emerson, puis John Dewey, d’un art ancré dans l’expérience du spectateur et dans la vie quotidienne; d’un art qui ne soit pas mis à part de l’expérience commune. Le naturalisme esthétique de Dewey cherche à détruire l’emprise d'une philosophie institutionnelle de l’esthétique qui distingue nettement l’art de la vie réelle et le renvoie « à un domaine distinct » – le musée, le théâtre ou la salle de concert. Le développement des industries culturelles, du numérique pour la création et la diffusion artistique, l’implication des citoyens dans l’art s’inscrit dans cette lignée et est ancrée dans l’expérience esthétique et la valorisation de la culture populaire (Cavell, Shusterman). L'œuvre de Cavell a contribué de façon essentielle à conforter le respect pour l’art et la culture populaires, mais aussi à intégrer l’innovation technologique et la démocratisation de l’art dans la création même. Contre l’opposition entre esthétique et praxis, entre création et industrie, il s’agit de penser l’expérience partagée en tant qu’elle est susceptible de transmettre des valeurs sociales, éthiques et politiques. Il s’agit donc de penser la création dans un cadre conceptuel nouveau celui des ICC et du concept de Post-création (Toma). L’influence de la création sur des pans entiers de la société devient un enjeu pour une esthétique ordinaire (Formis) ancrée dans l’art numérique et dans les compétences des citoyens.